Qu’est-ce qu’un tunnel VPN ?

Un tunnel VPN est une structure réseau chiffrée qui transporte vos données entre votre appareil et un serveur VPN, sans que les intermédiaires, fournisseur d’accès, réseau public, opérateurs de transit, puissent lire ou modifier le contenu. Cette page fait partie de l’ensemble dédié à la fiabilité d’un VPN, car la qualité du tunnel conditionne directement la sécurité réelle d’un service.

Contrairement à l’image simplifiée d’un « passage sécurisé », un tunnel VPN est une interface réseau virtuelle créée localement par le client VPN. C’est elle qui intercepte votre trafic, l’encapsule, le chiffre et l’achemine vers le serveur VPN. Tout votre trafic sort donc d’abord via cette interface.

Comprendre ce mécanisme est essentiel pour choisir un VPN réellement fiable.

Picto Tunnel VPN

Le fonctionnement interne d’un tunnel VPN

Lorsqu’un VPN s’active, trois opérations se produisent quasi instantanément :

Interception

Une interface virtuelle (tun/tap ou wg0 selon le protocole) capture vos paquets avant qu’ils ne quittent l’appareil.

Encapsulation

Les paquets sont insérés dans une enveloppe supplémentaire définie par le protocole (WireGuard®, OpenVPN, IKEv2/IPsec). Cette enveloppe contient les en-têtes nécessaires au chiffrement, au routage et au transport.

Chiffrement et transport

L’ensemble est chiffré puis transmis au serveur VPN via Internet.

Le serveur déchiffre ensuite le paquet et l’achemine vers sa destination finale. Pour les services contactés, la requête semble provenir du serveur VPN, pas de votre adresse IP. Le tunnel VPN existe donc uniquement entre votre appareil et le serveur VPN ; après ce point de sortie, le trafic redevient normal.

Encapsulation, MTU et overhead : ce qui change tout

Chaque protocole ajoute une couche d’encapsulation qui augmente la taille du paquet. Cet ajout (overhead) impacte directement les performances :

  • WireGuard : ~32 octets
  • OpenVPN : 40–80 octets
  • IPsec / IKEv2 : 50–60 octets

Pourquoi ça compte ?

Si l’overhead dépasse le MTU (1500 octets), les paquets doivent être fragmentés. Fragmentation = pertes, latence, fluctuations de vitesse. Un paquet de 1520 octets (données + overhead VPN) doit être découpé en deux fragments, ce qui double les risques de perte et ralentit la transmission.

Les protocoles modernes ajustent le MTU pour éviter ces ruptures.

C’est en partie pour cela que WireGuard semble souvent plus rapide : il génère moins d’overhead, donc moins de risque de fragmentation.

Mais un tunnel VPN ne se définit pas seulement par son encapsulation. Sa portée détermine aussi ce qui passe réellement dans le tunnel — et ce qui peut rester exposé.

Trois modèles de tunnel : complet, fractionné, strict

Tunnel complet (full tunnel)

  • Toutes les communications passent dans le tunnel : navigation, DNS, applications, mises à jour.
  • Avantages : sécurité maximale, gestion simple.
  • Limite : accès parfois restreint aux services locaux (NAS, imprimantes).

Tunnel fractionné (split tunneling)

  • Seules certaines applications ou destinations passent par le VPN.
  • Avantage : performances locales préservées.
  • Limite : surface de fuite si mal configuré.
Les règles de routage sont critiques : si une application se connecte hors du tunnel, ou si les DNS ne sont pas déroutés, la fuite est silencieuse. C’est fréquent avec les navigateurs, services Microsoft ou applications cloud.

Tunnel strict (kill switch)

  • Aucune donnée n’est autorisée hors du tunnel.
  • Avantages : protection anti-fuite la plus stricte, idéal en mobilité.
  • Limite : coupe Internet en cas de rupture du tunnel.

Ce qui rend un tunnel VPN réellement fiable

Trois mécanismes déterminent la robustesse du tunnel.

1. Maintien de session (keepalive / DPD)

  • WireGuard : keepalive toutes les 25 s
  • OpenVPN : pings du serveur
  • IKEv2/IPsec : DPD + MOBIKE

Ces signaux maintiennent le tunnel actif et détectent les interruptions.

2. Résistance aux changements de réseau (roaming)

Un tunnel fiable doit survivre à :
  • un passage Wi-Fi → 4G
  • un changement d’adresse IP locale
  • une interruption réseau brève (perte de signal, commutation d’antenne)
Comportements :
  • WireGuard : roaming natif, quasi instantané
  • IKEv2 : reconnexion automatisée via MOBIKE
  • OpenVPN : reconnexion possible, souvent renégociation complète

3. Prévention des fuites (DNS, IPv6, WebRTC)

Fuite DNS : la page passe dans le tunnel, mais la résolution « amazon.fr → 52.94… » part chez votre FAI. Votre intention de navigation est exposée. → Voir : fuites DNS sous VPN Fuite IPv6 : le VPN ne gère que l’IPv4, mais votre box attribue une adresse IPv6 publique. Un site compatible IPv6 récupère directement votre identifiant. Fuite WebRTC : certains navigateurs exposent l’IP locale ou publique via WebRTC. Des sites de tracking ou visioconférence peuvent l’exploiter. Un VPN fiable doit forcer les DNS dans le tunnel, gérer IPv6 proprement et contrôler WebRTC (via client ou extension).

Protocole et tunnel : une relation déterminante

WireGuard® : minimalisme et vitesse

  • ~4000 lignes de code
  • encapsulation minimale
  • chiffrement ChaCha20-Poly1305
  • roaming natif

Limite : pas de transport TCP natif → inefficace sur réseaux très filtrés.
Cas d’usage : mobilité fréquente, hautes performances, systèmes actuels.

OpenVPN : flexibilité maximale

  • transport TCP/UDP
  • basé sur TLS
  • compatible avec réseaux restrictifs
  • support universel
Contrainte : overhead élevé, négociation TLS lente. Pertinent pour : censure, environnements filtrants, compatibilité large.

IKEv2/IPsec : robustesse native

  • négociation IKE
  • transport ESP
  • reconnexion MOBIKE
  • support natif iOS/macOS
Point faible : parfois bloqué, configuration sensible. Recommandé pour : utilisateurs iOS/macOS, mobilité stable.

Application pratique

Stabilité du tunnel, gestion du routage, résistance aux fuites DNS/IPv6/WebRTC, comportement en mobilité : ce sont ces critères techniques qui structurent notre méthode de test dans la sélection des meilleurs VPN.

Conclusion

Le tunnel VPN est la structure qui détermine la sécurité réelle d’un service : encapsulation, stabilité, gestion du routage, prévention des fuites et comportement en mobilité. Chaque protocole construit ce tunnel différemment, ce qui explique les variations de performances et de fiabilité d’un VPN à l’autre.

Pour comprendre le rôle précis de chaque protocole dans la construction du tunnel, je détaille leurs architectures respectives dans la page dédiée aux protocoles VPN.

Pages associées

  • Vitesse des protocoles VPN — comment l’encapsulation, le MTU et la structure du tunnel influencent les performances réelles d’un VPN.
  • Fuite DNS sous VPN — comment le routage et la gestion des interfaces peuvent entraîner des résolutions de noms en dehors du tunnel.
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