Telegram sous pression : les données des Français bientôt accessibles ?
« Nous avons clarifié le fait que les adresses IP et les numéros de téléphones portables de ceux qui violent nos règles pourront être communiqués aux autorités en réponse aux requêtes judiciaires valides » déclare Pavel Durov sur son canal officiel Telegram, alors que l’entrepreneur russe fait toujours face à une enquête judiciaire en France après son arrestation en août 2024.
Depuis son lancement en 2013, Telegram s’est bâtie une réputation de bastion de la confidentialité et de la sécurité pour des millions d’utilisateurs à travers le monde. Pourtant, l’annonce récente de la plateforme de partager les adresses IP et numéros de téléphone avec les autorités, à la demande de la justice, vient ébranler cette promesse. Telegram, autrefois vantée comme une application de messagerie sûre, est-elle en train de suivre le chemin de celles qu’elle prétendait combattre ? En France, où la protection des données est un sujet sensible, cette nouvelle politique pourrait bien signer la fin de l’application.
Une révision des politiques de confidentialité qui en dit long
La modification annoncée par Durov, fondateur de Telegram, marque un tournant. Désormais, l’application partagera des informations sensibles des utilisateurs (IP, numéros de téléphone) en cas de réquisition judiciaire valide. Ce changement intervient alors que Durov lui-même est toujours sous enquête en France, accusé de faciliter la propagation de contenus illégaux via sa plateforme.
Pour de nombreux utilisateurs, cette annonce est une trahison, surtout dans le contexte d’une plateforme qui se voulait, à ses débuts, un refuge contre la censure et la surveillance de masse. Il convient de rappeler que Telegram ne chiffrait de bout en bout que les conversations privées, laissant les groupes et canaux publics ouverts à des analyses potentielles, bien loin des promesses initiales. Ce décalage entre l’image projetée et la réalité du produit est aujourd’hui flagrant.
Que dit le cadre légal français ?
Au-delà du débat éthique, cette décision soulève également des questions légales en France. Le RGPD, qui encadre l’utilisation des données personnelles en Europe, impose que les utilisateurs soient informés clairement de la manière dont leurs données sont traitées et protégées. Si Telegram ne respecte pas ces obligations, elle pourrait être soumise à des sanctions importantes de la part des autorités françaises. La CNIL, qui a déjà infligé des amendes record pour des violations du RGPD, pourrait bien décider de se pencher sur cette affaire.
De plus, la loi pour la Confiance dans l’Économie Numérique (LCEN), qui encadre en partie l’activité des plateformes en ligne en France, impose aux entreprises de communiquer avec les autorités françaises en cas de demandes légales, mais toujours dans le respect des droits des utilisateurs. Avec ce changement de politique, Telegram risque de marcher sur une ligne très fine entre conformité légale et respect des promesses faites à ses utilisateurs français.
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Une alternative pour les utilisateurs français ?
Face à ces incertitudes, les utilisateurs français de Telegram doivent sérieusement réfléchir à leur choix. La promesse de confidentialité de Telegram s’effrite, et les conséquences pour les utilisateurs hexagonaux sont potentiellement lourdes. De plus, l’arrestation de Pavel Durov en France et la surveillance accrue des activités en ligne rendent l’usage de la plateforme encore plus risqué.
Il est peut-être temps de chercher des alternatives qui respectent mieux leurs attentes en matière de protection des données. Signal, qui a déjà vu une augmentation de ses utilisateurs en France, ou encore Threema, sont des options sérieuses qui respectent des standards de sécurité plus élevés et ne collectent pas de métadonnées sensibles comme le fait Telegram.
A propos de l'auteur : Lisa
Fondatrice de VPN Mon Ami
Lisa est une experte en cybersécurité avec plus de 12 ans d'expérience dans le domaine des VPN. Lisa écrit de nombreux articles pour sensibiliser les internautes à reprendre le contrôle de leurs données.