La censure numérique au Pakistan

par | 28 Mai 2024 | Actualités cybersécurité

Depuis le 17 février 2024, les autorités pakistanaises ont bloqué l’accès à la plateforme de médias sociaux X, anciennement connue sous le nom de Twitter. Cette interdiction intervient peu de temps après une coupure totale d’Internet orchestrée pendant les élections, justifiée par des mesures de sécurité. Si cette interruption massive n’a duré que quelques jours, l’interdiction de X, elle, perdure, obligeant les citoyens à recourir massivement aux VPN gratuits pour réseaux sociaux pour contourner les restrictions.

Une histoire de contrôle de l’Internet

Le Pakistan a une longue histoire de censure d’Internet en période de crise. Entre février 2022 et décembre 2023, les autorités ont imposé 694 jours de coupures, selon un rapport du groupe de défense des droits numériques Access Now. Cette tendance s’est intensifiée récemment, notamment en lien avec les événements politiques et les mouvements d’opposition, principalement ceux de l’ancien Premier ministre Imran Khan.

Le rôle des VPN

Les VPN permettent aux utilisateurs de masquer leur adresse IP réelle, de chiffrer leur connexion et d’accéder à des sites et services comme s’ils étaient dans un autre pays. Proton VPN, par exemple, a rapporté une augmentation de 6 000 % des inscriptions en mai dernier lors d’un blocage des médias sociaux pendant les manifestations contre l’arrestation d’Imran Khan. Depuis janvier 2024, l’utilisation des VPN a encore augmenté de 400 % suite à de nouvelles restrictions imposées avant les élections.

Des alternatives pour contourner les coupures totales

Malheureusement, les VPN ne sont pas efficaces contre les coupures totales d’Internet. Pour pallier cela, certains Pakistanais utilisent des cartes SIM étrangères, des téléphones satellites ou des réseaux maillés comme Briar pour comuniquer et Bridgefy, qui permettent la communication directe entre appareils sans passer par un serveur central.

Renforcement de la censure

Les autorités pakistanaises élaborent de nouvelles lois pour renforcer le contrôle sur les discours en ligne. Parmi celles-ci, la création de la Digital Rights Protection Authority et de la National Cyber Crime Investigation Authority, censées contrer la propagande et les rumeurs sur les réseaux sociaux. Ces lois, selon les critiques, confèrent des pouvoirs excessifs aux autorités et sont susceptibles d’être abusées.

Une sophistication croissante de la censure

La censure technique au Pakistan devient également plus sophistiquée. La méthode de blocage de X implique une technique rare de blocage HTTP, plutôt que les méthodes plus courantes comme le filtrage DNS ou l’inspection approfondie des paquets (DPI). Des rumeurs circulent également sur une éventuelle interdiction des VPN, ce qui porterait un coup supplémentaire aux libertés d’expression et de confidentialité des citoyens.

Pour conclure

Depuis huit ans, les Pakistanais vivent dans une obscurité numérique intermittente. Les coupures d’Internet, qu’elles durent un jour, une semaine ou des mois, affectent gravement les libertés individuelles, la participation démocratique et l’économie du pays. Comme l’a souligné Andrew Sullivan, président de l’Internet Society, chaque coupure rend le système moins fiable pour ceux qui en dépendent. La situation au Pakistan est un rappel sévère des répercussions profondes des coupures d’Internet sur une société moderne.

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A propos de l'auteur : Lisa

A propos de l'auteur : Lisa

Fondatrice de VPN Mon Ami

Lisa est une experte en cybersécurité avec plus de 12 ans d'expérience dans le domaine des VPN. Lisa écrit de nombreux articles pour sensibiliser les internautes à reprendre le contrôle de leurs données.

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